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développement durable
17 avril 2014

écoquartier

Écoquartier : définition

Il est difficile d'en donner une définition précise et concise, puisque l'une des caractéristiques fondamentales de l'écoquartier est d'être un ensemble de solutions adaptées à un contexte local. Un quartier durable est préférablement central, bien desservi par les transports en commun et les cheminements doux (piétons, cyclistes). Il intègre de la mixité sociale[1] et fonctionnelle[2], de l'habitat dense pour éviter le gaspillage des espaces, une bonne orientation et une bonne isolation des bâtiments, la recherche de la sobriété énergétique et le recours à des énergies renouvelables, des formes urbaines et des espaces publics de qualité, une valorisation et une gestion durable de l'eau (collecte de l'eau de pluie pour l'arrosage, etc.), une gestion efficace des déchets, la participation de tous les habitants à la vie du quartier (cela peut aller à de la concertation lors de la phase projet à l'animation quotidienne de certaines installations). L'écoquartier se soucie également de la biodiversité urbaine et propose des espaces de nature en ville.

Conformément à l'engagement 49 du Grenelle de l'environnement[3], le ministère en charge du développement durable a demandé en 2008 l'implémentation d'une politique de soutien au développement des écoquartiers. Les appels à projets de 2008 et 2010 ont permis de mettre en avant et de récompenser les bonnes pratiques et de créer une culture commune autour de l'urbanisme durable. La grille « écoquartiers 2010-2011 » intègre des objectifs qui font écho à ceux du Grenelle, des Agendas 21, du Plan Ville durable, du pacte de solidarité écologique, etc.

L'écoquartier, une réalisation expérimentale de l'urbanisme durable

Une rupture avec l'urbanisme classique

Les écoquartiers constituent un acte de rupture : ils permettent d'expérimenter et de débattre de solutions nouvelles, rendues nécessaires par la remise en cause de l'urbanisme classique, particulièrement au cours des années 1980 et 1990. Le développement périurbain, qui repose sur un modèle pavillonnaire (en réaction contre l'urbanisme des grands ensembles, devenus petit à petit des instruments de ségrégation[4] par l'habitat) est largement critiqué, car il a conduit à un gaspillage des espaces et au tout-voiture.

Les écoquartiers constituent alors une tentative d'approfondir la transformation des pratiques urbanistiques. Ils jouent le rôle de terrains d'expérimentation et permettent de tester des solutions nouvelles pour dépasser la crise de l'urbanisme.

Un laboratoire grandeur nature

L'écoquartier est un lieu d'expérimentations, techniques et environnementales, mais aussi économiques et sociales. Si la première chose qui nous vient à l'esprit est la performance énergétique, c'est sans doute parce que les premiers écoquartiers, en particulier scandinaves sont particulièrement axés là-dessus. Par exemple, Bo01 à Malmö atteint ses objectifs de 100 % d'énergies renouvelables grâce à plusieurs technologies combinées : des pompes à chaleurs aquifères, des capteurs solaires, des éoliennes, un stockage naturel d'eau chaude, la récupération de l'eau de pluie grâce à des canaux et toits végétalisés, un système de canalisations souterraines à vide d'air pour le ramassage instantané des déchets, et la production de biogaz par l'incinération.

Pourtant, réduire le quartier durable à sa simple dimension éco-technologique serait une erreur : suivant la logique du développement durable et de ses trois piliers, l'écoquartier intègre des objectifs environnementaux, économiques et sociaux. Il constitue donc un lieu idéal d'innovations sociales, en faisant par exemple varier la typologie des logements qui le composent : logements de plus petite taille, en accession sociale à la propriété, logements sociaux locatifs, pour la colocation, pour les familles élargies, etc.

Le quartier, un terrain d'invention pertinent

L'échelle du quartier permet de dépasser la dimension du simple bâtiment et de redonner du sens à cet espace progressivement désinvesti par ses habitants. Cette échelle permet d'intégrer de la mixité (sociale, générationnelle, fonctionnelle) et de (re)faire du quartier un lieu de vie. En effet, avec le développement périurbain et l'accroissement de la mobilité (grâce à la voiture, on va de plus en plus loin pour faire ses courses, se divertir, etc.), l'attachement de l'individu au quartier a petit à petit diminué. L'écoquartier permet de relancer le mythe de la communauté, ou du moins devient synonyme d'une certaine qualité de vie. Il redevient un espace que l'on s'approprie et où on prend plaisir à échanger.

De plus, l'échelle réduite du quartier permet d'expérimenter une approche intégrée, c'est-à-dire une approche prenant en compte toutes les dimensions de la ville et tous les besoins de l'individu. Elle permet de tester des solutions et déterminer par une évaluation critique celles qui sont applicables au reste de la ville.

Bien sûr, le passage de la théorie à la pratique ne se fait pas sans difficultés. Souvent construits de toutes pièces, ces quartiers idéaux ont du mal à se solidariser avec le reste de la ville. Bannir la voiture d'un quartier ne fait que déplacer le problème, et ne rend pas l'ensemble de la ville plus durable. Si le quartier durable doit avoir un fonctionnement interne logique, son articulation au reste de la ville doit être tout autant réfléchie, faute de quoi il deviendra un ghetto « bobo-écolo », refermé sur lui-même et pas vraiment durable. Via l'organisation des transports en commun à l'échelle de toute la ville, il doit être facilement accessible et constituer un lieu attrayant pour les quartiers alentours.

Les écueils d'une politique d'écoquartiers

Les publications sur les écoquartiers sont nombreuses, tant ces objets urbains ont intrigué, fédéré, divisé... La littérature sur le sujet est partagée en deux visions : pour certains, les écoquartiers sont de formidables outils de la ville durable, permettant l'expérimentation et le passage à un urbanisme plus respectueux de l'homme et de l'environnement. Pour d'autres, ces utopies urbaines ne s'intègrent pas au reste de la ville et demeurent réservées à une élite capable de s'offrir des logements de qualité.

L'écoquartier, un outil de marketing territorial ?

Les motivations à l'origine de la construction d'un écoquartier sont nombreuses, variées, et pas systématiquement vertueuses.

Dans un contexte de décentralisation, les collectivités locales ont instrumenté le développement durable (notamment urbain) pour affirmer leurs nouvelles compétences. La construction d'écoquartiers peut ainsi constituer une modalité d'affirmation pour une collectivité.

Le cas de la France est bien particulier : les élus ont investi tardivement la problématique du développement durable (au début des années 2000) et cette notion, très floue et ambiguë, donne lieu à des interprétations contradictoires. À l'heure où plus personne ne peut ignorer les menaces qui pèsent sur notre planète, l'écoquartier peut constituer un moyen pour les élus de ne pas entreprendre d'actions à l'échelle de la ville tout entière. Une communication importante sur une opération d'aménagement permet de montrer que les pouvoirs locaux agissent pour sauvegarder l'environnement, même si aucun projet de fond n'est engagé.

Enfin, la concurrence entre collectivités pour gagner de nouveaux habitants et croître est rude. L'écoquartier peut constituer un outil de marketing territorial pour rendre un territoire plus attrayant qu'un autre.

Un néo-communautarisme sous couvert d'écologie ?

Pour beaucoup, les écoquartiers ne seraient que le reflet des valeurs individualistes de la société, l'argument écologique permettant de reconstituer un entre-soi. Ainsi, l'écoquartier permettrait à un groupe de personnes aisées avec quelques préoccupations environnementales de vivre entre elles.

En théorie, ceci est complètement faux, puisque l'un des objectifs de l'écoquartier est la mixité sociale. Il ne doit pas constituer un moyen de réserver des logements aux plus nantis et doit être accessible également à des catégories moins favorisées via le logement social. C'est une des innovations de la ville durable : elle prend en compte les inégalités sociales et tente de ne pas les cumuler avec des inégalités environnementales[5]. Le développement durable y devient un levier de démocratisation et d'harmonisation des niveaux de vie.

Toutefois, si l'on fait le bilan critique des écoquartiers habités depuis plusieurs années, on constate que le volet social reste le parent pauvre du développement durable. Les surcoûts entraînés par le recours à des matériaux plus performants (au niveau de l'isolation thermique, sonore, etc.), etc. se répercutent souvent sur les prix à la vente et sur les loyers. La pression foncière vient se rajouter à l'ensemble, et au final, les logements ne sont plus accessibles qu'à des populations aisées, malgré des intentions de départ vertueuses. Parfois, ces quartiers ont manqué d'ambition dès le départ et n'ont pas intégré le volet social dans leurs préoccupations.

La participation du public, un objectif rarement atteint

La participation du public, tant recherchée, se traduit parfois par un véritable processus de co-construction du quartier, comme à Leidsche Rijn (près d'Utrecht, Pays-Bas), où la municipalité a proposé un projet de quartier durable qui serait entièrement élaboré grâce à la participation citoyenne. Les personnes intéressées se sont manifestées et après un temps de formation, elles se sont mis d'accord sur des objectifs communs et on travaillé en étroite collaboration avec les professionnels de l'aménagement. Le quartier Lanxmeer à Culemborg fut lui aussi entièrement construit par ses habitants. Ces cas exemplaires sont toutefois l'exception : la plupart du temps la « participation » du public ne se traduit que par une brève phase dite de « consultation » où les aménageurs expliquent leur projet et où les citoyens qui se sentent concernés (assez peu nombreux) formulent quelques revendications, souvent liées à des inquiétudes.

Enfin, les écoquartiers ne sont pas systématiquement habités par des éco-citoyens : l'objectif avoué de Bo01 à Malmö était d'ailleurs de bâtir un quartier qui pourrait se passer de ces habitants pour être écologique. Ce changement dans nos modes d'habiter ne se traduit pas (encore) par un véritable changement de mentalités et de manières de vivre.

L'écoquartier, partie d'une stratégie plus globale de ville durable

L'écoquartier doit s'insérer dans un projet plus général

Il serait faux toutefois de considérer l'écoquartier comme un caprice écologique. À condition de s'intégrer dans un projet plus global, à l'échelle de la ville et même de l'aire urbaine[6], l'écoquartier est un élément stratégique pour une démarche de ville durable. En tant que terrain d'expérimentation, il permet d'accumuler de l'expérience, de tester ce qui fonctionne ou non. Associé à un véritable recul critique, l'écoquartier constitue un levier de la ville durable. Les « bonnes pratiques » peuvent être étendues petit à petit aux autres opérations d'aménagement, pour que la durabilité devienne progressivement la norme, et que parler en termes de « quartiers durables » n'ait plus réellement de sens, puisqu'ils le seront tous.

L'enjeu majeur de la ville durable : le renouvellement urbain

Pour l'heure, beaucoup d'écoquartiers sortent de terre, et sont des constructions de toutes pièces. Le défi principal de la ville durable n'est pas la construction de nouveaux quartiers en périphérie : s'il y a bien une idée sur laquelle tout le monde est d'accord, c'est la nécessité de stopper l'étalement urbain. Le développement périurbain, intense dans les années 1960, a généré des quartiers dortoirs (résidentiels), avec peu de services de proximité, d'où une hyper mobilité et un recours systématique à la voiture des habitants des espaces périurbains pour travailler, faire ses courses, se divertir… Entraînant les problèmes que l'on connaît aujourd'hui.

L'inversion de la tendance a quelque chose d'ironique : le rêve de ville à la campagne était autrefois un rêve écologique, alors qu'aujourd'hui tout le monde s'accorde à critiquer les dégâts causés par l'étalement urbain. Profondément ancré dans les mentalités, ce modèle périurbain reflète nos valeurs, dont la voiture est le symbole : aspiration à la propriété privée, à l'espace, etc. Ce développement est le résultat de nombreux facteurs (spéculation immobilière, aides au logement pour la construction de maisons individuelles, développement des grandes surfaces et des infrastructures routières, etc.).

La ville durable est donc avant tout une ville dense, pour éviter le gaspillage d'espaces, et qui se reconstruit sur elle-même (rénovation[7]) ou s'améliore (réhabilitation[8]). Les économies d'énergies et d'espaces potentiellement réalisables grâce à ces procédés sont énormes, les bâtiments anciens de centre-ville étant souvent des « passoires thermiques ».

Toutefois, la reconstruction de la ville sur elle-même, surtout en centre-ville, chasse les populations modestes au profit de populations plus aisées (c'est ce qu'on appelle un processus de gentrification) car les loyers augmentent. Ces populations se concentrent alors dans les couronnes périurbaines, voire au-delà, et n'ont plus accès aux services et transports de qualité que propose la ville dense. Le recours à la voiture ne peut donc pas être pénalisé trop vite, car ce sont les populations les plus modestes qui en seraient les principales victimes.

L'enjeu pour la ville durable est alors de parvenir à concilier préoccupations écologiques et sociales pour ne pas accumuler des inégalités.

Vers un changement des mentalités ?

Si l'on communique autant sur les écoquartiers, c'est aussi parce qu'ils permettent d'attirer l'attention de tous sur le développement durable. En mettant en avant ces quartiers exemplaires, les pouvoirs publics espèrent entraîner un changement des mentalités de tous (citoyens, professionnels de l'aménagement, élus, etc.)

Les pratiques des professionnels évoluent, pour certains lorsqu'ils sont associés à des démarches d'écoquartiers, pour la majorité du fait d'un changement dans les pratiques des concurrents, et par des évolutions de la réglementation. Par exemple, la Réglementation Thermique 2012 (RT2012) a pour objectif de limiter les consommations énergétiques des bâtiments neufs, tous les bâtiments neufs devant être BBC  à partir du 1er janvier 2013. Or, ces évolutions dans la réglementation sont permises notamment parce que des expérimentations ont été faites au préalable, grâce aux écoquartiers par exemple.

source:

  • EcoQuartier - Ministère du Développement durable
  • Eco-quartiers.fr
  • Yves BONARD et Laurent MATTHEY, « Les éco-quartiers : laboratoires de la ville durable », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Débats, Quartier durable ou éco-quartier ?, mis en ligne le 09 juillet 2010.
  • Antonio DA CUNHA, « Les écoquartiers, un laboratoire pour la ville durable : entre modernisation écologique et justice urbaine ». Espaces et sociétés, 2011/1, n°144-145, p. 193-200
  • Verena SCHAEFFER et Camille BIERENS DE HAAN, « Pays Bas : quatre quartiers durables entre désirs et réalités », Revue Urbanisme, n°360, mai - juin 2008, p. 34-40
  • Jacques THEYS et Cyria EMELIANOFF, « Les contradictions de la ville durable », Le Débat, 2001/1 n°113, p. 122-135
  • Taoufik SOUAMI (dir.), « Écoquartiers et urbanisme durable », Problèmes politiques et sociaux, La Documentation Française, février 2011, n°981.

auteur:anne Sorignet

resumé: ce site difini l'écoquartier il explique l'interet de ses nouveaux procéder , le but et les réalisations éxpérimentale et la olitique de celle ci.

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